Angleterre,
retour à la mine

Texte : Sébastien Daycard-Heid

Le visage noirci par le charbon, Jack Saunders, 19 ans, sort en pleine lumière après 8 heures passées sous terre. Nous ne sommes pas dans l’Angleterre de Dickens mais dans celle du 21ème siècle, où l’industrie du charbon connaît une belle renaissance. Avec 50 autres jeunes mineurs récemment formés, Jack travaille dans la mine de Hatfield Colliery, dans le Yorkshire, près de Doncaster. Là bas, cette industrie a retrouvé un avenir depuis que la mine a réouvert, l’an dernier, après 20 années de fermeture décidées par les plans drastiques de Margaret Thatcher.

Les jeunes ouvriers gagnent 293 livres par semaine. Ils sont les fils des générations de mineurs qui travaillaient alors à Hatfield. Le propriétaire de la mine, Richard Budge, raconte que lorsqu’il a décidé de la rouvrir, on l’a pris pour un fou. Mais n’en déplaise à ses détracteurs, celui que l’on appelle King Coal, le roi du charbon, avait raison : aujourd’hui la mine est rentable. Le prix du charbon a presque doublé. Avec l’aide d’un investisseur pour le moins surprenant, le russe Kuzbassrazrezugol, il prévoit même d’ouvrir une centrale au charbon et de créer 2000 nouveaux emplois d’ici 2012. Transformant le minerai en gaz synthétique, elle alimentera ensuite un parc industriel, telle une immense station service.

Surtout l’usine capturera le CO2 émis pour l’envoyer par pipeline et l’injecter directement dans les poches de gaz de la mer du Nord. Une première qui devrait relancer le débat en cours en Europe sur l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité. Si les écologistes regrettent ce retour en force d’une énergie fossile que l’on pensait obsolète, la ville, qui n’avait jamais vraiment réussi sa reconversion, vit cette réouverture comme une véritable aubaine.

Photo : Guillaume Collanges


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